Je m’aventure dehors et me retrouve sur un trottoir, je pars tôt car je ne tiens pas à traverser la ville aux heures de pointe, j’aime cet horaire où les rues sont presque vides, je me sens libre des regards absents, des mains désireuses de me saisir à la moindre erreure.
Je suis immédiatement plongé dans le bruit des travaux assourdissants.
J’entends les feuilles craquer sous mes pas.
Le sol se dérober.
Machinalement je corrige mon trajet.
Je me décale plus à gauche et me retrouve proche du mur.
Le trottoir est si étroit, je me sens oppressé.
Je manque de trébucher sur le rebord du trottoir, rien ne m’avertit de sa présence.
La température change, un courant d’air apparait.
Une odeur de renfermé qui me rappelle les armoires de mes grands parents.
Le sol m’empêche de marcher convenablement, des trous, des bosses, c’est comme s’ils cherchaient à me faire tomber !
Je touche quelque chose de dur et de froid, des barreaux métalliques, je ressens les pavés au sol, de hauteurs inégales qui m’empêchent d’avancer, je manque une fois de plus de trébucher. Quelque chose me frôle la jambe, c’est doux, c’est léger, peut-être une fleur. J’entends de moins en moins le chant des perceuse, le chantier s’éloigne, je me rapproche du coeur de la ville. Une personne pressée me frôle, manquant de me percuter.
Je veux traverser la route, mais cette fois-ci, je suis prévenu par des clous au sols, je suis confiant mais je me cogne à un poteau. Une fois la route traversé je me heurte une fois encore à un obstacle, une voiture, pourquoi y à t-il des obstacles sur le trottoir ? N’y à t-il personne qui se soucie des non-voyants… Je dois dévier du trottoir, marcher sur la route, frôler les voiture car il est accaparé par les travaux, et pourtant rien n’est fait pour me faciliter le trajet, je me sens délaissé, oublié…
L’odeur du plâtre apparait, je touche un mur frais, de la peinture fraiche. Je me sens un peu plus libre sur ce cours passage, le trottoir s’élargit et me permet de me mouvoir plus aisément. J’entends le vent soufflé et l’ombre des arbres dansait au grès du vent. Je dois traverser une fois de plus la route, les voitures me frôlent, elles roulent à vive allure sans même ralentir. Les klaxons résonnent dans ma tête, je ne me sens pas bien, en insécurité. J’entends des gens discuter, je sens que je suis dans un entre deux, entre la ville et la zone de chantier.
J’écoute le mur à ma gauche, il est rassurant, j’ai envie de le toucher, c’est froid et poreux, comme de la pierre, tout ça baigné dans une odeur de mégots froids. J’entends un vélo et le cliquetis de sa chaine, il vient dans ma direction je me décale pour le laisser passer. J’entends mes pas résonner, il y a de l’écho, l’air se fait plus frais… d’un coup, un bruit assourdissant ! Le bruit d’un train qui passe, c’est désagréable, je suis dans un tunnel… vite, je veux sortir ! Et maintenant, enfin je sens la chaleur du soleil sur ma nuque, que c’est bon d’être sortit. Le bruit de la circulation me tétanise.
Cette excursion dehors est assez impressionnante, le trottoir se meut, les voitures me frôlent. C’est un lieu de contraste, à la fois dans la ville et en dehors, calme et agité avec beaucoup de mouvements, des gens qui passent. Mais c’est surtout un lieux plein de vie, avec une multitude de matérialités, d’espaces et de ressentit, Je peut sentir les ombres dansées, toucher le vent qui souffle et entendre les changements de la ville orchestré par les travaux.
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